samedi 22 octobre 2011

Sur la trace de Nives


J'ignore ce qu'est pour un prisonnier le jour de la fin de sa peine, ce qu'est pour un malade la venue de l'aube, ce qu'est pour un écrivain le dernier mot de son livre, mais je crois que tout ca doit ressembler au sommet, la promesse tenue à l'enfant qui trépigne en chacun de nous.

Oui, raconter est un luxe, privilège de qui a pu descendre, en refaisant jusqu'au bout le voyage, arriver au point de départ, s'asseoir dans un restaurant de Katmandou ou de Skardu, macher un steak, boire une bière, oublier, puis raconter: à toi et à ceux qui viennent à une projection de diapositives, car c'est ma facon de payer mes voyages, en organisant des soirées un peu partout.

Ce qui me pèse le plus c'est la pensée d'etre un reste de paroles d'autres personnes, que d'autres ne peuvent plus dire. C'est une responsabilité qui me gene, car je raconte mes histoires pour eux aussi, les absents. En montagne on meurt, en volontaires certes, envoyés par personne, chacun est un envoyé de soi-meme et on meurt, meme les meilleurs, les plus rapides, les plus forts. Et donc je pense que mes histoires sont aussi les leurs, que je les rapporte et les retiens, et lorsque je remue les lèvres, les leurs remuent également et, tout en parlant, je suis saisie par un effet choral, prise par le vertige de raconter, je souffre de vide sous les mots, je ne sais pas comment dire.




Il me manquerait son silence, son sommeil, la trace sur la neige que je reconnais entre les autres, le coup que laisse son piolet. Meme s'il n'est pas en vue, je sais que je suis avec lui. savoir qu'il est là, qu'en fin de journée nous serons l'un près de l'autre pour frotter nos pieds, me donne une force, une gaieté de muscles, de la poussée des talons au sourire sur le visage. Je peux y arriver, avec lui je peux tout faire.
Nous sommes forts de la sorte, mais aussi doublement fragiles. Sans l'un des deux, l'autre ne peut pas. Nous sommes cette entreprise commune d'escalade, nous ne pouvons accepter d'autre format. ce n'est pas un pacte, nous ne l'avons pas écrit ni meme dit. c'est comme ca. Il existe des choses simples et dures qui n'ont pas besoin d'etre dites. Si je parviens à achever le tour des quatorze huit mille, ce sera grace à cet amour.




Il existe dans l'océan Pacifique Sud une zone morte, sans vent. Les voiliers qui échouaient là par erreur devaient se débarrasser de tout leur chargement et de leur lest pour arriver à se déplacer. Ils jetaient meme à la mer les chevaux, qui étaient l'arme la plus redoutable contre les peuples de l'autre hémisphère, terrorisé par la cavalerie. Cette zone de mer s'appelle "latitude des chevaux".

En bas, dans les villes, les mots sont de l'air vicié, ils sortent de la bouche à tort et à travers, ils ne portent pas à conséquence. En bas, ils sont gaspillés dans le brouhaha de la politique, de la publicité, de l'économie qui disent des mots sans devoir les faire, sans poids. Icin en haut, nous les gardons dans la bouche, ils coutent énergie et chaleur, nous utilisons les mots nécessaires, et ce que nous disons nous le faisons ensuite. Ici, les mots vont de pair avec les faits, ils font couple.




Aujourd'hui, on sait pas regarder les visages, dans la rue il est de règle de les éviter, de les parcourir en vitesse. Aujourd'hui, on couvre son visage derrière des lunettes de soleil meme à l'ombre. Ils restent plus cachés que derrière un voile islamique. J'ai confiance dans les personnes qui savent regarder les visages, dans ceux qui examinent une paroi et en découvrent la ligne de montée. Se trouver face à un visage ou devant un versant de montagne, distinguer les lignes, les répéter en dessinant ou en escaladant: ces mouvements témoignent d'une affection pour le monde, d'un désir de participer. Je l'apprécie chez les autres sans l'éprouver. Je suis quelqu'un qui écrit et qui pourtant se tient à l'écart.Cette intrusion sur ta trace finira écrite, loin d'ici. Elle ne ressemblera pas à un dessin, l'écriture a besoin de distance.

Nous sommes des arbres, Nives, plantés dans le monde pour répandre des graines, mais ni toi ni moi n'avons voulu connaitre cette floraison. J'ai mis des arbres dans mon champ, j'ai écrit des histoires qui s'en vont circuler entre les mains, mais les semences de la vie je ne les ai pas remises au monde.







Erri De Luca

mercredi 24 août 2011

***

Trudne sa powroty. Nawet te bloggowe. Nie wiem, czym mam przerwac cisze, czym zakryc pustke, ktora panoszyla sie od tylu miesiecy... Czytam siebie od poczatku, nie znajduje tego, co bym chciala. Wszystko wydaje mi sie albo zbyt blahe, albo zbyt przesadzone, nie dosc dojrzale, nie wystarczajaco madre... Czy to za sprawa uplywajacego czasu, sprawy, ktore byly tak wazne, nagle bledna i traca dawniejsza moc? Czy moze dlatego, ze zmieniamy sie z biegem czasu, ze pragniemy czegos innego, odmiennego, w inny sposob? Nowego stylu, innego tla, innych zdjec, nowych przezyc?
Czym zylam przez ostatnie miesiace, dlaczego zaprzestalam pisanie?
Czy moge Wam dac odpowiedz w tym oto wierszu Haliny Poswiatowskiej (ciagle powracam do niej od kiedy przeczytalam "Opowiesc dla przyjaciela")?


Czym jest miłość
Płomieniem który posiadł drewnianą chatę - pijanym
pocałunkiem wgryzł się w głąb strzechy.
Piorunem - który kocha wysokie drzewa - wodą
uwięzioną płasko - wyzwalaną przez niesyty wolności wiatr.
Włosami sosny - gładzonymi jego ręką - włosami
rozśpiewanymi w szaloną wdzięczną pieśń.
Ciemną głową topielicy - która palce rozsnuła
w poprzek fali - a uśmiech dała nieżywemu słońcu.
Wyciągnięta na brzeg - płakała długo i nie wyschła
aż dotąd póki smutni ludzie nie zakopali jej w ziemi.
Płomieniem.


Tym plomieniem zyje kazdego dnia od nowa, jakgdyby to byl ten ostatni. Kocham i jestem kochana.
Moze ktoregos dnia opowiem Wam o czlowieku, ktorego obdarzylam tym uczuciem. Chwilowo nie umiem sie odwazyc ze strachu przed zbyt blahym opisem...
Powroty sa trudne, ale chcialabym by ten byl bardziej dojrzaly.

vendredi 8 avril 2011

Smierc

mędrzec
wpatrzony w twoją smutną twarz
białą
nic nie wie o tobie
oprócz tego
że unicestwiasz ciało
rozsypujesz ciało
hojnie
wzbogacasz pyłem wiatr
kiedy cię poją kadzidłem
obiecujesz odejść
niechętnie
snujesz się przez kościół
wzdłuż
smugą kadzielnego dymu
oni myślą że ciebie nie ma
jesteś
jesteś
bo jakżeby inaczej
można było nie żyć
dla przyrodnika
jesteś zagadką jak życie
dla fizyka
przeistoczeniem materii
dla wierzącego
przejściem do innego bytu
dla nas cierpiących
wyzwoleniem



Ktos odszedl. Nie wiem, czy jeszcze kiedykolwiek bym ja spotkala, gdyby nadal zyla... ale ta mysl, ze zyje, byla mi potrzebna.
Zastanawiam sie, czy zdarzyla pozegnac sie z zyciem? Czy wiedziala? Czy czula bol? Zastanawiam sie, czy zdarzyla spelnic choc te najwazniejsze marzenia? Czy zycie nic wiecej nie mialo jej do zaoferowania? Mimo ze przed nia bylo jeszcze tyle dlugich, nieznanych lat... Czy inni beda o niej pamietac? Czy pamiec po niej nie zaginie?
Pamietam, jak w szkole siadala z "noga na nodze" i nauczycielka zawsze krzyczala, ze nie jest w kawiarni. Jej nogi byly tak dlugie i cienkie, ze dotykala obiema stopami ziemi... A ja ja zawsze podgladalam, jak tak siedziala i marzylo mi sie, bym byla rownie odwazna...A to wlasnie ona pewnego szkolnego popoludnia, powiedziala mi, ze to ja jestem odwozna i ze ona nie potrafilaby zachowac sie tak, jak ja.
Nie byla moja wielka przyjaciolka, nawet nie byla przyjaciolka, ale zawsze bardzo ja lubilam i mimo ze nie widzialam jej z jakies szesc lat, to placze, bo nie potrafie pogodzic sie z mysla, ze jej mlode cialo przysypane jest teraz ziemia.
Ale czym jest moja niezgoda w porownaniu ze smiercia, z przeznaczeniem??? Czyms tak watlym, ze nikt nawet nie slyszy, gdy krzycze.
Nie moglam jej pozegnac, dlatego chcialam choc wirtualnie podarowac jej ode mnie, moj ulubiony kwiat, biala roze.







Dla Karoliny

vendredi 11 mars 2011

***("jesteś powietrzem...")

jesteś powietrzem
które drzewa pieści
rękoma z błekitu
jesteś skrzydłem ptaka
który nie trąca liści
płynie
jesteś zachodnim słońcem
pełnym świtów
bajką ze słów które mówi się
westchnieniem
czym ty jesteś --
dla mnie -- świeżą wodą
wytrysłą na skwarnej pustyni
sosną -- która cień daje
drżącą osiką -- która współczuje
dla zziębniętych -- słońcem
dla konających -- bogiem
ty -- rozbłysły w każdej gwieździe
której na imię miłość

Halina Poswiatowska

mardi 8 mars 2011

Z okazji...


dzisiejszego Dnia Kobiet chcialam zyczyc wszystkim wspanialym kobietom, wszystkiego, co najlepsze, wiele madrosci, wiary w siebie i wlasne mozliwosci, wiary we wlasna wartosc, bo kazda z nas jest inna, ale kazda niesamowita. Zycze Wam rowniez wiele usmiechu, piekna i slonca na kazdy dzien!!




Nie jestem jakas szczegolna fanka Dnia Kobiet, ale daje mi to powod na przeslanie i podzielenie sie dobrym slowem, wiec korzystam ile wlezie:DD

Przesylam rowniez zonkile, bo uwielbiam te wiosenne kwiaty...




Wasza Plath

samedi 26 février 2011

"Il y a des gens nés pour le bohneur et d'autres pour le malheur. Je n'ai simplement pas de chance." - Maria Callas


Le grand problème est que, si l'on tente de faire quelque chose d'admirable au point d'atteindre la perfection, cette perfection meme tue l'art. L'art n'est jamais absolu: il doit se renouveler sans cesse et sans cesse varier. Je suis avant tout humaine et les roles que j'interprète eux aussi sont humains.

J'ai une double personnalité. Il y a en moi la femme qui guide et celle qui critique. Cela existe toujours chez un créateur.


J'ai toujours voulu servir l'art, cette merveille qu'est la musique... Je crois à l'autodiscipline et à la maitrise de soi. Ma devise est "Je travaille, donc je suis."

L'etude d'un role se fait en plusieurs etapes, car on ne peut espérer le maitriser immédiatement. Il faut lui laisser le temps de murir. Cela peut durer des mois, mais souvent, il me suffit de peu de temps.





Pour écouter, il faut de la concentration. Lorsque j'étais élève, je n'ai jamais manqué un cours. Pas une seule fois. Jamais je ne suis arrivée en retard. J'étais meme en avance. Je ne vivais, je ne me nourissais, je ne revais que de musique.
Si vous voulez faire une carrière, une carrière comme la mienne - vous devez vous laisser asservir par la musique.
Une carrière au théatre exige une concentration absolue. Le moindre petit détail. Vous croyez que j'exagère. Pas du tout.
C'est important d'avoir un look. Une signature. Avoir une personnalité. Pour que les gens se souviennent de vous.

J'ai des yeux derrière la tete. Il en faut pour faire carrière au théatre. Il y a toujours quelqu'un en train de comploter dans votre dos. C'est un fait. Toujours. Si vous n'avez pas des yeux pour voir derrière vous, vous finirez poignardé dans le dos.
Nous sommes au théatre, il faut se jeter à l'eau. Tres peu de gens peuvent pleurer en chantant.
Tout est dans la musique. Ecoutez, c'est tout.
Ce n'est pas assez, essayer. Il faut le faire. Ce n'est pas ça, le théatre, essayer.
Les gens ne sortent pas de chez eux pour nous voir essayer. Ils viennent pour nous voir faire.
Chaque mot a sa signification. Les voyelles sont les bruits confus du coeur. Les consonnes leur donnent du sens.



Je déteste ce mot - "jouer". Non! Ressentir. Etre.
Les larmes, ça ne vous mènera nulle part. Ni au théatre, ni dans la vie.
Un artiste, il entre et il existe.
Le public est l'ennemi. C'est a nous de vous faire plier les genoux, car nous avons raison.
Si je m'inquiète de ce que vous pensez de moi, je ne peux pas gagner. Je suis la, je supplie, j'implore votre approbation.
L'air est une prise de pouvoir. C'est forcer les gens pnser qu'il ne peut y avoir qu'une seule façon de faire, qu'une seule voix. La votre.
C'est capital une entrée. C'est la manière dont on se présente au public. C'est la manière dont on se présente dans la vie.

Ne bougez jamais la main, si ça ne vient du coeur et de l'ame.
Personne n'est quelqu'un.
En art, il n'y a pas de raccourcis, il n'y a pas de facilités. Il y a toujours une entrée au début, et une sortie à la fin. L'art c'est ce qui passe entre les deux.
C'est affaire de discipline, de technique et d'audace.
Le monde continuera de tourner sans nous, mais je veux croire que nous l'avons rendu meilleur.
Que nous ne l'aurions pas laissé aussi riche, aussi fort. Plus je vieillis et moins je suis sure que ce que nous faisons est important.
Ce qui est important, ce que vous mettiez à profit ce que vous avez appris.
Les sens des mots, la diction, vos sentiments profonds.


Maria Callas "Master Class"



Vous devez savoir ce que vous voulez dans la vie, vous devez prendre vos décisions.

Il faut du courage, le courage de refuser les applandissements faciles, l'éclat pour lui-meme.

Il faut avertir le public et se préparer soi-meme en pensée. On se concentre, on prépare son visage et après seulement on chante. On laisse le public lie nos pensées, rt ensuite il les entend.

J'ai joué avec les bornes de ma voix, avec mes ressources physiques du noble art, et je ne regrette rien. Vraiment rien.



Je suis certainement une créature du Destin, mais il n'y a pas d'excuse à prononcer cette phrase, puis à se coucher et à attendre que le Destin se manifeste. En réalité, il faut travailler, toujours étudier, pour etre prete, le moment venu.

mercredi 23 février 2011

Michael Tchekhov "Etre acteur"

L'acteur de cinéma doit travailler non pas sur le registre de la psychologie mais sur celui de l'imaginaire. L'imagination s'allume toute seule, elle n'a pas d'interrupteur sur lequel on puisse appuyer.
Michelangelo Antonioni

Michael Chekhov est acteur, metteur en scène; sur sa trajectoire - Moscou, Berlin, Londres, Broadway & Hollywood, où il tourna avec d'Hitchcock et guida de nombreuses stars,dont Marilyn Monroe - il a tout tenté, tout fait. Neveu d'Anton et fieffé pédagogue il développa sa vie durant une technique radicalement innovatrice du jeu et du training d'acteur focalisée sur le registre de l'imaginaire qui fait 'crier' l'intelligence, la vérité et la réalité scénique. Par elle et en elle plus qu'en tout autre, l'acteur retrouve son vrai visage.

Le jeu d'acteur est chose sérieuse, mais il faut un peu s'y amuser.
M. Tchekhov

Michael Chekhov c'est Stanislavski avec une différence.
La différence étant l'idée que l'acteur loin de se soumettre au texte de l'auteur peut et doit les dépasser. Il doit offrir sa vie, de gaîté d'âme à la poésie du texte pour aller bien au-delà. Jouer est le produit de son imagination à
travers une liberté d'interprétation qui dépasse l'habituelle intercommunication magnétique entre l'esprit du poète et l'esprit du metteur en scène. Favorisant l'étude du personnage, l'atmosphère, " Le Geste Psychologique " qui est aussi l'objectif en soi - une méthode de construction du personnage dont sont, ou furent, férus des acteurs tels que Marilyn Monroe, Jack Palance, Jack Nicholson, Clint Eastwood, Anthony Hopkins et Sean Penn; la visualisation('l'écran intérieur') est la clé imaginative pour s'ouvrir afin de pouvoir capter le sentiment dans ses grandes profondeurs, l'articuler et le déployer spontanément en un jeu continu, inspiré,
émotionnellement brûlant, engageant et fantastiquement ludique sur scène et devant la caméra.

Ce qui prend si longtemps même pour l'acteur doué de dons exceptionnels
à découvrir est cette essence de l'art en lui-même qui est le style et le fait que
' le style est l'expression, et l'expression le sel de la vie.'
Michael REDGRAVE

L'OBJECTIF mène à l'implication volontaire à l'action-aux tactiques vers la victoire-ces actions qui mènent la danse SONT le jeu. Pour trouver l'objectif l'imaginaire doit intervenir : ici, l'acteur se donne pour mission de voir l'objectif avant de l'appréhender intellectuellement : " Il y a un
oeil extérieur qui enregistre et un oeil intérieur ('the mind's eye') qui VOIT. " dit Robert Edmond Jones. Sans forcer le résultat c'est cet oeil intérieur que l'acteur fait intervenir dans sa quête de l'objectif par la voie imaginative.

LE GESTE PSYCHOLOGIQUE est la clé de l'inconscient de l'acteur. Il s'extrait de l'imagination ;
fort, clair et simple, il est le meilleur moyen d'exprimer la totalité du personnage en une forme condensée par le biais d'une saisie intuitive de son désir principal (le 'surobjectif' de Stanislavski).

Le terme "Geste Psychologique" signifie à la fois le 'geste' en soi et les sentiments & qualités qui lui sont associés : par exemple : le sens de l'aise ('feeling of ease'), le sens du tout ('the feeling of the whole'), le sens de la forme ('the feeling of form'), et le sens de la beauté ('the feeling of beauty').

There should be fun in art.
Elia KAZAN

ATMOSPHERES et leurs QUALITES Une atmosphère est invisible, c'est un médium transparent. Mais, elle est là : une source d'inspiration pour l'acteur qui s'y livre. Plutôt que d'appartenir à qui ce soit, elle est à tous : " C'est dans l'air. " Ainsi, pour créer l'atmosphère que nous voulons sur le plateau il faut l'imaginer actuellement dans l'air autour de nous,mais pas encore en
nous. Une atmosphère de catastrophe par exemple, à qui appartient-elle ? A personne,
pourtant elle est là. On la respire, elle agit sur nous, comme le brouillard sur un lac gelé, l'eau de la mer démontée, la panique, la terreur, les ténèbres, le désir.
L'atmosphère est la façon la plus décisive d'entrer en contact avec l'essence émotionnelle d'une scène, au théâtre ou au cinéma. Lisant une pièce ou un scénario il faut essayer d'en trouver l'atmosphère qui serait la plus expressive pour cette scène, tel moment, telle partie de la scène. Nous avons aussi besoin de prendre conscience de l'effet de ces atmosphères sur notre comportement. Une atmosphère peut aussi changer sur l'entrée d'un personnage dont l'atmosphère est plus forte que celle des autres. L'entrée du fantôme du père d'Hamlet dans la chambre de sa mère, par exemple.
Par ailleurs l'atmosphère n'est pas de nature statique,mais un processus continuellement en mouvement qui se développe, touche et inspire l'acteur qui s'y ouvre pour la capter au profit du personnage. Il doit y répondre, sans jamais se forcer à sentir. Il évolue dans l'atmosphère - soit-elle de joie, de chagrin,magique, lourde, scintillante, de mort, etc.- et s'y laisse prendre,
se rend à elle comme à l'amour, organiquement. L'organicité d'un acteur, cet enfant qui sait d'expérience qu'en faisant et en laissant son corps réagir naturellement à son imagerie interne,
il sentira.

" Il n'y a rien dans le monde entier sans atmosphère sauf notre sec et froid 'intellect' qui ne connaît rien en atmosphère et la combat.
Les atmosphères permettent à l'acteur de révéler cette part de la pièce et du rôle qui est autrement indicible. Peut-on, par exemple, imaginer Roméo disant ses mots d'amour à Juliette sans atmosphère d'amour ? Quand bien même le spectateur (ou spectatrice) pourrait comprendre intellectuellement le texte sublime et goûter la beauté du vers de Shakespeare, il lui manquerait toujours quelque chose de l'essentiel. Mais en quoi consiste l'essentiel En l'amour lui-même. Pour se communiquer au public, tous les sentiments requièrent une atmosphère particulière. Sans ces atmosphères justes émanant de l'acteur, les paroles d'amour,
de haine, de désespoir ou d'espérances énoncées par Shakespeare ne font que se répercuter mécaniquement dans un espace psychologique vide. C'est l'atmosphère qui recèle le contenu fondamental de la représentation. " Michael CHEKHOV

Les acteurs sont les seules hypocrites sincères.
HAMLET

L'un des points de force du training de Chekhov, chose normalement peu approfondie dans les autres techniques modernes d'entraînement au jeu d'acteur, est la recherche et la création par la voie intuitive du personnage.
Le premier pas vers cette création est de définir le type spécifique de personnage qu'on va jouer : " Un Dur, " " Femme en Colère, " " Fille Sexy, " " Fantasque, " etc. Ces archétypes se trouvent dans la nature humaine. L'auteur propose et déploie des variations individuelles du type de caractère.Mais c'est le travail de l'acteur de donner vie et crédibilité à cette création d'un 'caractère.'. Il doit, d'entrée de jeu, se demander: " Quelle est la différence entre le personnage et moi ? " Comment est son esprit ? Pense-t-il plus vite ou moins vite que moi ?
Sa compréhension du monde est-elle plus claire ou plus vague que la mienne ? Ses émotions sont-elles plus riches que les miennes. Est-il plus passionné ? Sa volonté plus acharnée et inflexible que la mienne ? Ces questions une fois élucidées, une compréhension plus profonde et plus spécifique du personnage de l'acteur en résultera. L'observation soutenue des gens est ici capitale. Le fait d'observer et de définir leurs uniques différences doit aider l'acteur à capter et forger, autant qu'à développer, les traits saillants et les contradictions les + intimes du comportement de son personnage.

Le théâtre c'est ce qu'il y a au-delà, au-delà des mots, au-delà des corps, audelà
de tout ce qui est sur la scène.Mais ce qui est sur la scène doit permettre
l'accès à cet au-delà. Le grand mystère est que cet au-delà ne peut se définir
avant son accomplissement dans la représentation. Il n'y a pas de conception
préalable, de définition, de discours sur…mais un attrait profond, indéfini, le
pressentiment d'un univers à découvrir, à révéler ou plutôt à faire entrevoir, a
percevoir, pour permettre de s'y introduire
Tout le travail se fait moment après moment, par découvertes successives.
Tous les gens de la scène devraient être surpris par ce qu'ils ont fait, par le
" lieu " auquel ils sont arrivés. "
Sylvain DHOMME

L'ACTEUR EST LE THEATRE
" Le metteur en scène, le décorateur, etc., sont tous des accessoires,mais l'acteur est le théâtre. L'acteur qui croit en sa capacité constante d'agir. Alors la pièce-même des pièces telles que celles de Shakespeare- n'est seulement pour le vrai et réel acteur qu'un prétexte à s'exprimer.
Nous ne pouvons pas exprimer Shakespeare, parce que nous ne savons pas quel était son
dessein ; nous ne pouvons que nous exprimer nous-mêmes.Quel que soit l'auteur, nous nous exprimons toujours nous-mêmes.Nous nous exprimons nous-mêmes sur scène.Nous sommes toujours nous-mêmes, ou nous ne jouons pas du tout et sommes tout comme des marionnettes. Si nous sommes bourrés de clichés ou autre choses dérangeantes, alors il n'y a pas de théâtre. Mais si nous sommes de vrais acteurs, nous nous jouons nous-mêmes, de notre jeunesse à notre vieillesse.
Donc, il est important de garder en tête que quelque soit la pièce, nous nous jouons nousmêmes.
Si cette idée est vraiment digérée, cela nous libérera,même inconsciemment. Si nous
y croyons, et nous nous y habituons, et si ça pénètre dans les régions inconscientes de notre être, ça nous revient sous forme de liberté. J'ai vu beaucoup de metteurs en scène dans d'autres pays qui ne savaient pas que faire des acteurs après quelques semaines de répétitions.
Un metteur en scène hurlant aux acteurs d'être libres. Comment être libre ? Etre libre veut dire pouvoir compter sur notre habilité à agir constamment.
Naturellement, il y a des choses dans chaque pièce qui sont " des points de repère "
('landmarks'), pour ainsi dire, et très souvent sans rien que nous puissions jouer continuellement, et ainsi nous sautons lâchement d'un repère à un autre. Par exemple, imaginons qu'à un moment j'abats quelqu'un et le moment suivant je pleure. Si je suis lâche, il n'y a rien entre ces deux choses. Mais si nous savons vraiment dans notre inconscient que nous jouons continuellement, nous pouvons développer tant de nuances entre le moment du coup de feu et le moment des pleurs. Comment l'acteur jouera, cela est notre mystère, notre talent,
notre individualité. " - Michael CHEKHOV

Trouvez-le là où il joue et allez-le voir ! Michael Chekhov est mon plus
brillant élève.
Stanislavski à Stella ADLER, 1934

mardi 22 février 2011

"Il y a toujours deux cotés dans une histoire" - Marylin Monroe

Tu veux que je devienne un nuage? Alors, prend celui-ci en photo. Comme ça, je ne mourrais pas complètement.


Parfois je déteste l'effet que je fais sur les hommes. Ces regards stupides. Ces poings qui se serrent sur le vide. C'est pas humain. Je ne respecte pas les gens qui vous aiment parce qu'on est quelqu'un.



Souvent je mi dis que ce serait mieux de n'etre pas célèbre. Mais nous, les acteurs, nous nous torturons avec notre image, nous sommes - quel est le mot? - narcissiques. Je reste des heures assise devant mon miroir à guetter les signes de l'age.

Le cinéma, c'est comme les amours, si tu n'en veux pas, tu as tout ce que tu veux. Si tu cours après, tu n'as rien.

Le cinéma, c'est toujours ça: prendre, encore prendre. On appelle ça des prises, justement, les séquences qu'on vous fait recommencer cent fois. Mais qui donne, qui reçoit, qui aime?

Jouer une scène, c'est comme ouvrir une bouteille. Si on ne peut pas l'ouvrir d'une façon, il faut en essayer une autre ou peut-etre abondonner et prendre une autre bouteille.




J'essaie de devenir une artiste, j'essai d'etre vraie, mais souvent des fenetres s'ouvrent malgré moi sur mon vide. J'ai peur de devenir folle. J'essai de faire sortir les parties vraies de moi-meme, mais c'est trop difficile. Parfois, je pense que tout ce que je dois faire, c'est etre vraie. Mais ça ne vient pas comme ça et je ne dis que je suis une faussaire, quelqu'un qui sonne faux. Je désire faire de mon mieux depuis la seconde où la camèra se met en mouvement jusqu'à celle où elle s'arrete.

A l'aide,. A l'aide. A l'aide.
Je sens la vie de plus en plus proche
Alors que ce que je veux c'est mourir.


J'ai mal avec les mots. Ce sont les mots qui nous soumettent aux autres sans merci, nous dénudent bien plus que toutes les mains que nous laissons chercher notre peau.

Le problème n'est pas dans les mots mais dans la manière dont les gens s'en servent.




On change quand on change d'endroit. Nous avons tous un jeu de personnes, différentes manières d'etre soi dans différents endroits. Je ne suis pas la meme à New York et à Hollywood. Différente dans ce bar et sur un plateau. Différente avec Strasberg et avec toi. Je vois ça quand on m'interviewe. Les questions vous dictent les réponses et on parait etre telle ou telle personne.
Les questions m'en disent souvent plus sur celui qui les pose que mes réponses ne lui en disent de moi. La plupart des gens se trompent en pensant qu'ils sont un seul moi toute leur vie, bien plein, constant, fermé.
Comme ils seraient plus tolérants envers les autres s'ils reconnaissaient qu'ils sont eux aussi en morceaux, troués, changeants.

J'ai trouvé ma définition de la mort. Un corps dont il faut se debarrasser.

C'est tellement plus simple, la mort. On y entre, et on sait qu'on a presque toutes les chances de ne trouver personne de l'autre coté de la porte.





Tout le monde veut etre aimé, peu de gens peuvent et veulent aimer.
Ralph Greenson

Je me suis toujours sentie une non-personne et ma seule manière d'etre quelqu'un a été probablement d'etre quelqu'un d'autre. C'est pour ça que j'ai voulu jouer et etre actrice.

Se contenter de penser le personnage et d'analyser mentallement ne te permet pas de jouer, de te transformer en une autre. Ton esprit rationnel te laissera passive et distante. Mais si tu développes ton corps imaginaire, si tu le vides de toi et tu le laisses posséder par l'autre, ton désir et tes sentiments te feront incarner cet autre.
Michael Tchekhov

Si on réfléchit trop longtemps à quelque chose, ça veut dire qu'on n'en a pas vraiment envie.


Le Mariage de Marylin avec Joe DiMaggia a échoué parce que la femme qu'il avait épousée était Marylin Monroe et celui avec Arthur Miller parce qu'elle n'était pas Marylin Monroe.
Billy Wilder




Une carrière? Ca ne vous serre pas dans ses bras. La chose qui me manque le plus est d'avoir quelqu'un avec qui partager les choses. Je me suis toujours jetée et perdue dans des amitiés et des amours où j'étais la seule à donner. Vous ne pouvez pas vivre comme ça.
Inger Stevens

Tu dois essayer de considérer ton corps comme un instruments de musique qui exprime tes idées et tes sentiments; tu dois tendre à un plein accord entre ton corps et ton psychisme.
Micheal Tchekhov

Les livres, je ne les termine pas. Je n'aime pas les dernières pages. Les derniers mots. Les dernières prises. Les dernières scéances.



Recommencer toute l'histoire. Repasser la dernière scéance de Marylin. C'est toujours par la fin que les choses commencent.




Michel Schneider "Marylin dernières scéances"